développer son oreille à la guitare

Travailler et développer son oreille à la guitare : par où commencer ?

Auteur : Adrien
Dernière mise à jour :

Cases, cordes, positions, tablatures… De nombreux guitaristes se focalisent trop sur leur vue et oublient le sens essentiel en musique : l’ouïe

Car au final, la seule question qui compte vraiment est : « Est-ce que je sonne bien ? ». Or cela est défini par votre capacité à entendre et à vous adapter au contexte musical. C’est d’autant plus vrai pour la composition, le jeu en groupe et, bien entendu, l’improvisation.

Le travail de l’oreille peut effrayer certains gratteux, mais rassurez-vous : il existe des méthodes et des exercices pour vous guider et vous faire progresser efficacement. Écoute consciente, identification des degrés, dissociation des instruments, retranscription, impro, outils de Ear Training, synesthésie musicale… Je fais le point avec vous sur toutes ces techniques pour développer votre oreille musicale à la guitare !

Qu’est-ce que l’oreille musicale ?

Définition

Avoir l’oreille musicale peut être défini comme la capacité de reconnaître une note et d’apprécier sa justesse.

Il est important de préciser que cette notion d’oreille musicale est très subjective, et varie en fonction des époques et des cultures. La musique traditionnelle chinoise, par exemple, peut sembler bien trop dissonante pour une oreille européenne du XXIe siècle. Est-ce que cela signifie que le compositeur a une mauvaise oreille ? Non, simplement qu’il a une oreille musicale adaptée à (ou plutôt « éduquée par ») sa culture !

Les différents types d’oreille

On distingue généralement trois types d’oreille musicale : l’oreille absolue, l’oreille relative et l’oreille harmonique. Malgré la réputation souvent fantasmée de l’oreille absolue, aucune des trois n’est meilleure que l’autre. L’important est d’identifier comment votre cerveau perçoit les sons et d’adapter votre pratique musicale à votre fonctionnement auditif naturel. 

L’oreille absolue

Avoir l’oreille absolue signifie être capable de reconnaître et de nommer une note sans aucun son de référence

Cela va même plus loin que la musique : les notes ne sont rien d’autre que des fréquences, or tout son est fréquence. Quelqu’un ayant l’oreille absolue peut donc vous dire quelle note fait le piaillement d’un oiseau, le klaxon d’une voiture ou n’importe quel son vibrant à une fréquence identifiée par son cerveau comme une note.

Avoir l’oreille absolue est bien évidemment un avantage en musique, notamment pour composer, improviser ou diriger (chef d’orchestre, chef de chorale, etc.). Mais toute médaille a son revers : il peut en effet être très désagréable d’entendre un instrument qui n’est pas accordé à la perfection, ou une note légèrement décalée par rapport à sa fréquence vibratoire habituelle.

La fichue corde de sol de votre gratte qui se désaccorde tout le temps, les bends approximatifs ou les vibratos peuvent vite devenir une vraie torture sonore : plutôt ennuyeux quand on est guitariste !

meme accordage guitare corde de sol
La corde de Sol se moque de nous…

L’oreille relative

Avoir l’oreille relative signifie pouvoir identifier une note par rapport à une autre, celle-ci ayant été définie au préalable. Autrement dit, être capable de reconnaître les intervalles séparant la note de départ et la note à identifier, et en déduire le nom de cette dernière.

Contrairement à l’oreille absolue, l’oreille relative est assez facile à travailler avec et sans votre instrument, comme je vais vous le montrer plus loin dans cet article.

L’oreille harmonique

L’oreille harmonique fonctionne sur le même principe que l’oreille relative, à savoir l’identification d’une note grâce aux intervalles la séparant d’une autre. La différence est que cette fois, les deux notes sont jouées en même temps, et non pas l’une après l’autre. 

Avoir une bonne oreille harmonique est très utile en guitare, notamment pour retrouver à l’oreille les accords d’un morceau.

Les meilleures formations pour apprendre la guitare et développer son oreille

Les techniques pour développer son oreille musicale de guitariste 

S’ouvrir à des styles de musique diversifiés avec une écoute auditive consciente 

J’entends par « écoute auditive consciente » le fait de se concentrer vraiment sur les composantes d’un morceau : les différentes mélodies qui s’entrecroisent, les accords de l’accompagnement, les sonorités de la batterie, les variations des lignes de chant, etc. 

C’est un excellent moyen de vous exercer à apprécier le rendu global d’un morceau, une capacité particulièrement importante pour la composition, l’arrangement ou le mix.

Bien sûr, plus vous écoutez de styles musicaux et de types d’instruments variés, plus vous ouvrez le spectre sonore de votre oreille et sa facilité à reconnaître, imaginer et reproduire des sonorités diverses.

S’entraîner à identifier les degrés d’un morceau

Écoutez avec attention un morceau, et essayez de reproduire les degrés joués dans l’accompagnement (en chantant ou en grattant). Attention, on parle bien ici de degrés ou de grille d’accord, pas de notes : autrement dit, l’ordre dans lequel sont construits les accords dans la gamme

Même dans des tonalités différentes, les enchaînements de degrés ont une sonorité propre, que vous pouvez apprendre à reconnaître. Certaines de ces suites d’accords, qu’on appelle aussi « cadences », sont très fréquemment utilisées, comme la cadence parfaite (degré I <=> degré V), la cadence plagale (degré I <=> degré IV), etc. 

En faisant cet exercice, vous serez surpris du nombre de morceaux tous styles confondus qui sont basés sur les mêmes enchaînements basiques. Avec un peu de pratique, vous serez rapidement capable de reconnaître ces cadences et de les reproduire sur votre guitare.

S’entraîner à dissocier les instruments au sein d’un morceau

Essayez de séparer mentalement le son de chaque instrument d’un morceau et de n’en suivre qu’un seul à la fois. Arrivez-vous à dissocier la basse de la guitare ? La basse de la grosse caisse ? Les différentes guitares rythmiques ? 

Décortiquer de la sorte chaque instrument vous apprend à focaliser votre écoute et à identifier les sonorités qui vous plaisent et se marient bien. Une aptitude très appréciable pour savoir quel matériel acheter pour un projet musical, ou quel son viser pendant le mix d’une piste en studio.

Retranscrire des morceaux à l’oreille

Cet exercice, souvent ignoré par les guitaristes actuels, a pourtant été la base de la pratique de la majorité des gratteux jusqu’à l’arrivée d’Internet. À l’époque, impossible de taper « tuto hey joe hendrix » sur YouTube ou « tab Enter Sandman metallica » sur Google. Il fallait acheter des songbooks, chers et parfois durs à trouver, ou retrouver la musique à l’oreille et la reproduire sur sa guitare. C’est ce qu’on appelle retranscrire ou repiquer un morceau. 

C’est un excellent moyen de véritablement relier votre instrument à votre oreille et de prêter attention aux subtilités de jeu des guitaristes que vous tentez d’imiter : comment sonnent leurs vibratos, leurs bends, l’attaque de chaque note, etc.

Je vous conseille d’ailleurs de ne pas vous limiter aux parties de guitare : essayez de reproduire des phrases de saxos, de chanteurs ou de violonistes, des accords de piano ou de musique électronique, des sonorités de gammes ou d’instruments exotiques… Stimulez votre créativité et ouvrez les frontières sonores de votre guitare !

S’entraîner à retranscrire des morceaux ou mélodies en partitions

Vous pouvez pousser l’exercice précédent un peu plus loin, en écrivant en partitions la musique que avez retrouvée à l’oreille avec Guitar Pro par exemple. Vous ne vous contentez plus d’associer les sons à votre manche : vous les nommez et les écrivez. À terme, cela peut vous permettre de poser directement sur papier la musique que vous avez en tête, sans avoir besoin de la jouer sur un instrument : de la composition à l’état pur !

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Repérer les intervalles et s’entraîner à les reconnaître

Apprendre à reconnaître les intervalles (le nombre de demi-tons entre deux notes) est la base du travail de l’oreille relative. Pour y arriver, rien de tel qu’un bon vieux moyen mnémotechnique : repérez les intervalles joués par les deux premières notes de mélodies que vous avez bien en tête. 

Voici quelques exemples qui peuvent vous aider, à vous d’associer les autres intervalles à vos propres références musicales :

  • Unisson (note identique) : Au clair de la lune
  • Seconde majeure : Frère Jacques
  • Tierce mineure : riff de Smoke on the water (Deep Purple)
  • Quarte juste : Mon beau sapin
  • Quinte bémol : thème des Simpson
  • Etc.

S’entraîner à l’aide d’outils de Ear Training

Les outils digitaux d’Ear Training, disponibles en application pour Smartphone ou via des sites Internet, sont une excellente façon de travailler votre oreille :

  • De façon ludique (cela s’apparente à un défi de jeu vidéo)
  • N’importe où et n’importe quand, sans même avoir besoin de votre guitare

Il existe de nombreux outils d’Ear Training de qualité, et je vous invite à en essayer plusieurs pour trouver celui qui vous plaît. Je peux néanmoins vous recommander « Dans ton oreille Pro » que j’ai eu l’occasion de tester et d’apprécier lors de la rédaction de mon article Avis sur Twelve Assistant.

Chanter ce que l’on joue

Voici encore une pratique oldschool qui a fait ses preuves, incontournable notamment chez les Bluesmen et les pratiquants de la guitare Jazz. Prenez l’habitude de fredonner les mélodies que vous jouez, cela vous aidera à associer les cases sur lesquelles vous appuyez avec les sons que vous souhaitez produire sur votre guitare.

C’est une technique particulièrement efficace pour s’améliorer en impro !

Improviser à la guitare

Entraînez-vous à improviser sur votre gratte, sans vous enfermer dans vos positions de gammes et vos plans habituels. Essayez simplement de reproduire ce qui vous passe par la tête, comme vous le feriez en sifflotant ou en fredonnant un air que vous imaginez à la volée.

Vous pouvez également juste laisser vos doigts aller où ils veulent sur votre guitare. Écoutez attentivement le début de mélodie créée, et adaptez-le pour en faire une ligne musicale qui vous plaît.

Associer des couleurs aux notes : la synesthésie musicale

La synesthésie consiste à lier deux ou plusieurs sens ou perceptions, de façon consciente ou non. Une des synesthésies les plus courantes est l’association des lettres de l’alphabet et/ou des nombres avec des couleurs. 

Certains musiciens, de la même façon, associent une couleur à chaque note de musique. C’est une technique de mémorisation très puissante pour les personnes qui ont naturellement cette tendance à connecter sons et couleurs, alors n’hésitez pas à vous y essayer : cherchez quelle couleur vous évoque chaque note de musique, et voyez si cela vous aide à les reconnaître à l’oreille.

Jouer avec d’autres musiciens

Jouer avec d’autres zicos en étant attentif aux parties de chacun s’apparente à dissocier les différents instruments d’un morceau, mais de manière active : vous devez également être conscient de ce que vous jouez, et de la façon dont l’ensemble se marie

Une aptitude indispensable pour jouer en groupe, qui se développe au fur et à mesure des répétitions si vous prenez l’habitude de garder une partie de votre attention sur ce qui se passe autour de vous.

Vos questions sur l’oreille à la guitare

Est-il possible d’acquérir l’oreille absolue ?

L’oreille absolue est généralement considérée comme une capacité innée, qu’on ne peut donc pas acquérir, mais cette affirmation reste sujette à débat.

Selon moi, il s’agit d’une discussion stérile. La question intéressante, à mon avis, est : peut-on améliorer son oreille musicale ? Comme nous l’avons vu tout au long de cet article, la réponse est sans aucun doute : oui, si vous capitalisez sur la façon dont fonctionne votre cerveau naturellement (oreille absolue, relative, synesthésie, etc.).

Laissez donc tomber cette histoire d’oreille absolue et trouvez simplement les méthodes qui vous font progresser.

Quels sont les bénéfices à développer son oreille en tant que guitariste ?

Développer votre oreille musicale vous apportera de nombreuses aptitudes : 

Retrouver et reproduire des mélodies ou des morceaux juste en les écoutant.

Prêter attention au son de chaque musicien et de l’ensemble du groupe lorsque vous jouez à plusieurs.

Improviser plus efficacement, sans tâtonner sur votre manche et sans faire de fausses notes.

Être plus attentif aux détails sonores de chaque technique ; il existe de nombreuses variantes de vibrato, par exemple, alors qu’on les écrit toutes de la même façon.

Savoir composer et improviser plus facilement, en identifiant clairement les sons que l’on a dans la tête.

Conclusion

Trop de guitaristes font l’erreur de se focaliser sur leurs doigts plutôt que sur leur oreille. C’est pourtant bien cette dernière qui est l’ultime juge indiquant si vous jouez bien ou non.

C’est également elle qui vous permet de trouver l’inspiration, d’apprécier la musique en général, de retranscrire vos morceaux préférés, de mieux composer et improviser… Bref, il n’y a que des points positifs à développer votre oreille musicale à la guitare, et j’espère que les méthodes proposées dans cet article vous y aideront. 

Et vous ? Pensez-vous avoir une oreille absolue ou relative ? Est-ce que la synesthésie fonctionne pour vous ?

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Adrien

Guitariste depuis 20 ans. Fan de guitare sous toutes ses formes : Metal Progressif, Shred, Classique. Vous pouvez retrouver sur la page "à propos" mon parcours et mes compositions.

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