improvisation guitare débutant

Comment apprendre l’improvisation à la guitare : le guide ultime

Auteur : Adrien
Dernière mise à jour :

L’improvisation… Un mot qui fait peur à beaucoup de guitaristes, débutants comme confirmés ! Souvent synonyme de syndrome de la page blanche, l’impro peut vite tétaniser ou décourager les guitaristes qui s’y essaient pour la première fois.

Détendez-vous : tout le monde peut improviser et y prendre beaucoup de plaisir

Que jouer ? Quelles notes, quel rythme ? Comment ne pas juste sonner comme si vous travailliez vos gammes, mais créer à la volée de vraies phrases musicales ? Faut-il être « doué » pour bien improviser à la guitare ?

Autant de questions qui viennent parasiter les jammeurs en herbe. Dans cet article, je vais vous partager ma vision de l’improvisation à la guitare, et vous donner des exercices pour vous lancer en toute sérénité.

Qu’est-ce que l’improvisation à la guitare

Démystifions tout de suite le sujet ! Improviser à la guitare, c’est simplement jouer de la musique qui n’a pas été écrite à l’avance. On ne vous demande pas d’inventer dès le premier essai un solo digne de Jimi Hendrix ou de Joe Pass, juste de faire des notes qui sonnent bien avec l’accompagnement.

Pas besoin donc d’être un virtuose ni d’avoir l’oreille musicale, même si évidemment cela aide d’avoir de bonnes bases techniques, rythmiques et théoriques.

Contrairement à ce que beaucoup de guitaristes essaient de faire croire pour gonfler leur ego, il ne s’agit pas d’un don du ciel. L’improvisation, c’est comme tout : ça se travaille !

L’important est donc d’avoir des outils et des exercices pour bien vous lancer et développer votre aptitude à créer de la musique à la volée. 

Faites le parallèle avec la poésie : pour écrire de jolis poèmes, vous devez d’abord apprendre la grammaire, l’orthographe, les métriques (alexandrins, etc.), étudier le style de vos auteurs préférés. Et peut-être que vos poèmes seront moins percutants que ceux de Victor Hugo, mais ils peuvent tout de même être agréables à lire et à écouter. 

Il en va de même en musique. OK me direz-vous, mais concrètement, par où commencer ?

Je vais vous expliquer cela en détail, mais prenons d’abord le temps de parler des différents moyens d’improviser à la guitare.

Mes formations recommandées pour progresser en improvisation

Quels sont les différents types d’improvisation

On peut séparer l’impro en trois sous-catégories. Ces différentes approches peuvent être utilisées indépendamment l’une de l’autre, ou être mélangées dans une même pièce musicale.

L’improvisation modale

Il s’agit ici de créer une phrase mélodique (solo, riff) en jouant des notes qui appartiennent à une gamme. Le choix de cette dernière dépend de la tonalité du morceau. 

Vous pouvez apprendre à reconnaître celle-ci en fonction de la progression d’accords sur laquelle vous improvisez, si vous avez étudié l’harmonisation des gammes. Mais la tonalité du morceau ou la gamme adaptée peuvent tout simplement vous être données par les musiciens avec qui vous jammez, ou être indiquées dans le titre du backing track que vous utilisez.

L’improvisation tonale

Dans le cas de l’improvisation tonale, vous jouez sur les notes des accords de l’accompagnement, ou sur différentes gammes en fonction de l’accord qui passe à l’instant T. 

Cette approche demande beaucoup plus de connaissances théoriques et de pratique. En effet, vous devez constamment changer de gamme ou de notes, et être tout le temps conscient de ce qui se passe dans l’accompagnement pour suivre parfaitement l’évolution de la grille. 

Elle a néanmoins le mérite de sonner de façon très musicale, en mettant en valeur la progression d’accord sous-jacente. Cette méthode est particulièrement utilisée en Jazz et en Blues, mais peut être retrouvée dans la plupart des styles musicaux.

L’improvisation libre

L’improvisation libre ne répond à aucun dogme prédéfini. L’idée est de créer des phrases musicales sans se soucier des règles harmoniques, en suivant son instinct et son oreille. On la retrouve notamment en Free Jazz, comme son nom l’indique. En impro libre, on accepte les « erreurs » et « fausses notes » (des termes finalement très subjectifs), considérées comme des éléments musicaux à part entière.

Contrairement à ce que vous pourriez croire, c’est probablement l’approche qui demande le plus de bagage musical et de pratique. En effet, il faut être constamment à l’écoute du rendu global du morceau, et être capable de modifier ses phrases en temps réel, sans aucun autre repère que votre oreille.

Comment se lancer dans l’improvisation ?

Première étape : les gammes

La manière la plus simple de se lancer dans l’impro à la guitare, c’est de connaître les gammes les plus utilisées. Un bon point de départ, qui fonctionne très bien pour la plupart des styles modernes (Blues, Rock, Pop, Funk, Reggae, etc.), est de maîtriser au moins une position de la gamme pentatonique mineure et une position de la gamme pentatonique majeure.

Cela vous permettra de vous débrouiller sur la plupart des grilles d’accompagnement, qu’elles soient majeures ou mineures, sans trop vous prendre la tête : une fois la tonalité du morceau identifiée, il vous suffit de rester sur les notes de la penta correspondante pendant toute votre impro.

Sur certains styles, notamment le Blues, le Rock ou la Soul, vous pouvez même facilement mixer ces deux gammes :

  • Par l’approche tonale : on joue la penta correspondant à chaque accord. Par exemple, on joue la penta majeure de Do sur un accord de Do, puis la penta mineure de Mi sur un accord de Mi mineur, etc. L’intro de Little Wing de Jimi Hendrix est un très bel exemple de cette façon de jouer.
  • Par l’approche modale : On considère le mélange des pentatoniques majeure et mineure comme une « super penta », dont on utilise l’ensemble des notes. Attention à bien rester vigilant avec cette approche, certaines notes (notamment les tierces majeure ou mineure) peuvent sonner plus ou moins bien selon l’accord qui passe dans l’accompagnement.

Pour aller plus loin et disposer de plus de notes, vous pouvez préférer utiliser la gamme majeure et la gamme mineure naturelle, contenant chacune 7 notes (VS 5 pour les pentas). Leur utilisation sera toutefois moins large que celle des pentatoniques.

Pour aller plus loin : les accords et le système CAGED

Comme nous l’avons vu plus haut, l’improvisation tonale offre une richesse musicale particulièrement intéressante. Vous pouvez choisir entre deux méthodes pour vous lancer dans cette approche :

Connaître les notes des accords et les identifier sur le manche

Ce principe consiste à utiliser les notes qui constituent l’accord joué dans l’accompagnement pour construire vos phrases improvisées.

Par exemple, si l’accord de Do est joué en arrière-plan, vous pouvez utiliser une ou plusieurs des notes suivantes, qui constituent l’accord de Do majeur : Do, Mi, Sol.

Cette approche demande de maîtriser 2 prérequis indispensables :

  • Apprendre les notes qui constituent tous les accords (ou être capable de les retrouver en construisant mentalement les accords à la volée).
  • Connaître parfaitement l’emplacement des notes de musique sur le manche de votre guitare.

Cette méthode est particulièrement utilisée en guitare Jazz.

À noter : à l’exception de la majorité des guitaristes et des bassistes, qui ont pour la plupart une approche très visuelle du manche (par positions), la plupart des musiciens utilisent cette façon de procéder. 

Utiliser le système CAGED

système caged guitare
Le système CAGED illustré | Crédit photo : The Acoustic Guitarist

Le système CAGED est une approche plus rapide à mettre en œuvre, car très visuelle. Elle est basée sur le décalage en barrés de positions d’accords ouverts, d’où son nom « C-A-G-E-D ».

  • C pour la position de Do
  • A pour la position de La
  • G pour la position de Sol
  • E pour la position de Mi
  • D pour la position de Ré

Pas besoin de plus de théorie ou d’apprentissage par cœur, ces positions s’utilisent comme des gammes : il vous suffit de les placer autour de la fondamentale de l’accord sur lequel vous souhaitez improviser, et de jouer sur les notes qui le constituent.

Conseil bonus : faire confiance à son oreille

On peut avoir tendance à l’oublier : le seul véritable juge en musique, c’est votre oreille ! Que vous utilisiez les gammes, le système CAGED, l’impro libre ou toute autre méthode, votre attention doit avant tout être tournée vers le son que vous produisez.

Prenez donc bien garde à ne pas vous enfermer dans un aspect trop visuel ou théorique de l’impro, et à vous écouter. Pour cela, jouez simplement en vous concentrant sur votre musicalité :

  • Par-dessus un accompagnement joué par un autre musicien
  • Par-dessus un ou plusieurs accord(s) enregistré(s) sur un looper
  • Par-dessus un backing track

N’hésitez pas à vous enregistrer pour écouter votre impro plus tard, à tête reposée.

Comment travailler et progresser en improvisation

Mettre en place un plan de travail adapté

Vous souhaitez mettre l’accent sur le travail de l’impro à la guitare ? Voici un exemple de routine à pratiquer 2 ou 3 fois par semaine, à adapter en fonction de vos goûts, votre niveau et vos objectifs :

  • choisir une gamme
  • faire des exercices dessus (brisages de gamme, jeu en intervalles, etc., j’y reviendrai plus bas) => entre 10 et 20 minutes 
  • Essayer d’improviser dessus sans aucune contrainte rythmique ou harmonique (sans accompagnement) => entre 5 et 10 minutes
  • Improviser sur un ou plusieurs backing track(s) composé(s) dans la tonalité correspondant à la gamme = > entre 15 minutes et 1 heure

Si vous souhaitez apprendre à improviser sur les accords grâce au système CAGED, vous pouvez remplacer le programme ci-dessus – ou le compléter – par le suivant :

  • Choisir un ou plusieurs accords (selon votre niveau de pratique du CAGED)
  • Apprendre ou réviser une ou plusieurs positions du CAGED pour chaque accord => entre 10 et 20 minutes
  • Jouer sur ces positions en timant les changements d’accords à l’aide d’un métronome, tous les 4 temps, à tempo modéré => entre 10 et 20 minutes
  • Improviser sur un backing track ou un enregistrement composé sur les accords travaillés => entre 15 et 30 minutes

L’improvisation tonale demande pas mal de gymnastique cérébrale et est assez fatigante. Je vous conseille donc de faire des séances de travail relativement courtes au début (entre 30 minutes et une heure).

Choisir de bons exercices de gammes et d’arpèges

Que vous utilisiez les gammes ou que vous préfériez jouer en arpège les notes des positions CAGED, vous pouvez bosser ces exercices pour habituer vos doigts à bouger de façon instinctive sur les bonnes notes :

  • Jouer la gamme/l’arpège dans l’ordre, à un même endroit du manche (une seule position)
  • Jouer la gamme/l’arpège sur une seule corde
  • Briser la gamme/l’arpège en groupes de 3, 4 ou 5 notes
  • Sauter une ou plusieurs notes de la gamme/l’arpège
  • Jouer la gamme/l’arpège en sautant des cordes
  • Relever des plans d’autres guitaristes composés sur la gamme/l’arpège, puis s’entraîner à les jouer dans l’ordre, à l’envers, en utilisant les notes qu’ils contiennent de façon aléatoire pour les déstructurer, etc.

Quelques exemples de backing tracks faciles pour commencer

En gamme pentatonique majeure 

Tonalité de Do :

Tonalité de Sol :

En gamme pentatonique mineure

Tonalité de La mineur :

Tonalité de Mi mineur :

En gamme majeure

Tonalité de Do :

Tonalité de Sol :

En gamme mineure naturelle

Tonalité de La mineur :

Tonalité de Mi mineur :

En Arpèges

Sur l’accord de Do :

Sur l’accord de Mi mineur :

Sur l’enchaînement des accords Do et Sol :

Sur l’enchaînement des accords La mineur et Ré mineur :

Pour aller plus loin en improvisation

Bien qu’il ne soit pas spécifique à l’improvisation à la guitare, le travail des aptitudes suivantes vous aidera grandement à améliorer vos impros.

Développez votre oreille et votre sens du rythme

Travaillez le repiquage des riffs, des suites d’accords, et des solos de vos morceaux préférés. Cela contribuera fortement à renforcer votre lien oreille/manche, autrement dit à associer des sons à vos déplacements de doigtés sur la guitare.

Vous pouvez également bosser le repiquage rythmique, comme je vous en parle dans l’article Apprendre le rythme à la guitare : le guide ultime.

A noter que vous pouvez aussi utiliser des logiciels de ear training pour développer votre oreille via la reconnaissance de notes, d’intervalles et de formes d’accords. 

A lire aussi : Apprendre le solfège à la guitare : le guide

Écoutez une large palette de styles musicaux

En vous intéressant à de nombreux styles musicaux, vous nourrissez votre culture et votre imagination musicales. Vous êtes donc plus créatifs et ouverts à différents types d’accompagnements et de mélodies pour vos jams.

Dans la même idée, ne vous contentez pas d’écouter les guitaristes : prêtez attention à la façon dont les autres instrumentistes (pianistes, saxophonistes, batteurs, chanteurs, etc.) articulent leurs phrasés et tentez de les reproduire sur votre guitare. Un bon moyen de sortir de ses plans d’impro habituels !

Apprenez à maîtriser les différentes techniques de jeu du guitariste

La guitare est l’un des instruments les plus riches en termes de techniques et de sonorités. 

En effet, une même note peut être jouée :

  • À différents endroits du manche
  • Avec différents effets de jeu (vibrato, slide, hammer, pull off, tapping, harmonique, etc.)
  • Avec différents effets sonores (distorsion, wha-wha, delay, tremolo, etc.)
  • Avec différents accessoires (médiator, e-bow, bottleneck, etc.)
  • Avec différentes techniques (sweeping, legato, aller-retour, etc.)

Servez-vous de cet atout pour vos impros ! 

L’impro à la guitare : pour conclure

Vous l’aurez compris, je suis un fervent partisan de l’improvisation à la guitare. Quel que soit votre niveau technique ou votre bagage théorique, je vous encourage vivement à vous y essayer.

Ne mettez pas la barre trop haut au début et restez bienveillant envers vous-même. N’oubliez pas que la guitare est un plaisir et que l’impro n’est rien d’autre que la liberté de jouer ce que vous voulez.

Travaillez bien les exercices proposés ci-dessus, lancez votre backing track préféré et jetez-vous à l’eau ! D’ailleurs, n’hésitez pas à partager vos accompagnements favoris en commentaires.

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Adrien

Guitariste depuis 20 ans. Fan de guitare sous toutes ses formes : Metal Progressif, Shred, Classique. Vous pouvez retrouver sur la page "à propos" mon parcours et mes compositions.

1 réflexion au sujet de « Comment apprendre l’improvisation à la guitare : le guide ultime »

  1. Merci Adrien pour toutes ces informations qui m’ouvrent un peu plus les yeux sur différents sujets guitaristique, j’ai commencé et je suis toujours avec my guitare et ce, depuis quelques années et je cherche toujours à voir d’autres interlocuteurs pour peaufiner mon apprentissage.
    A+

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