Progresser à la guitare : 18 conseils faciles à appliquer

Comme dans toute activité, il arrive régulièrement en guitare d’avoir la sensation de heurter un plafond de progression : tout d’un coup, c’est comme si vos doigts refusaient d’aller plus vite ou d’apprendre de nouvelles positions, votre tête galère à comprendre et à retenir des concepts inconnus ou des morceaux plus complexes, etc.

Pas d’affolement : c’est normal ! Je vous explique ce phénomène de stagnation dès le début de cet article. Cela peut venir de différentes causes : la marge de progression, qui est de plus en plus étroite au fur et à mesure que l’on prend du niveau, le manque de temps, de motivation, d’objectifs, etc.

Je le répète : c’est normal ! Et ça arrive à tout le monde à un moment ou un autre. Pour passer ce cap, ou plutôt ces caps, car ils apparaissent régulièrement dans la vie d’un musicien, il est indispensable de vous poser les bonnes questions afin d’identifier les problèmes et les solutions à y apporter.

Dans cet article, je vous aide à identifier les causes de votre stagnation et je vous propose 18 solutions concrètes et faciles à mettre en place pour relancer la machine, et à nouveau progresser à la guitare !

Pourquoi on stagne ?

La difficulté d’apprentissage est un phénomène exponentiel : plus vous progressez, plus ce que vous essayez d’apprendre devient complexe, et plus votre cerveau et votre corps doivent faire des efforts d’adaptation pour suivre. Vous le savez si vous suivez mes articles, j’aime bien faire des parallèles entre la pratique musicale et le sport, dont l’apprentissage fonctionne de façon très similaire pour le cerveau humain. 

Lorsque vous commencez un sport, disons le sprint pour l’exemple, votre corps (muscles, tendons, cardio, etc.) et votre cerveau (focus, coordination, hygiène de vie, etc.) ont une énorme marge d’adaptation.

Tous les mois, vous prenez du muscle, vos synapses s’adaptent, et vous grappillez du temps sur le chronomètre. Mais plus vous progressez, plus vous vous rapprochez de vos limites naturelles. Et pour repousser celles-ci, ne serait-ce qu’un tout petit peu, il faut déployer plus d’efforts, y passer plus de temps, et s’entraîner de la bonne façon.

C’est pour cela qu’arrivé à un certain niveau, un(e) athlète focalise tout son temps et son énergie sur son sport pour devenir un(e) champion(e).

Eh bien, même si c’est moins visible, il en va exactement de même pour la pratique d’un instrument. Plus vous progressez, moins il est facile de continuer à progresser, d’une part car vous vous attaquez à de plus grosses difficultés techniques et théoriques, mais aussi car vous vous rapprochez de vos limites naturelles en termes de vitesse, de dextérité, d’oreille, de mémoire, etc . 

Mais… Il est toujours possible de progresser ! Il suffit pour cela d’être plus patient, plus méthodique et d’appliquer les conseils que je vous donne dans cet article pour « rebooter » votre cerveau et vos doigts afin de repousser ces limites, petit à petit.

Mais, avant d’aborder ces solutions… Êtes-vous bien sûr de ne plus progresser à la guitare ?!

Pourquoi vous ne progressez plus à la guitare ? 

Qu’est-ce qui vous dit que vous ne progressez plus ?

Cette question peut vous faire hausser un sourcil, mais elle n’en reste pas moins pertinente ! De nombreux guitaristes sont persuadés de ne plus réussir à progresser, alors qu’ils ont simplement l’impression de stagner. L’exemple le plus courant pour illustrer ce propos est l’improvisation. 

La plupart des gratteux que je connais (à part ceux qui un ego plus gros que le mur d’ampli de Dimebag Darrell) ont la sensation de faire constamment la même chose en impro, de tourner en rond, alors que d’un point de vue extérieur, un public objectif constaterait une progression évidente au fil des ans.

À force d’être la tête dans le guidon, ou plutôt dans les cordes, on ne se rend pas toujours compte des micro-progrès qu’on fait au quotidien, et qui mis bout à bout font une réelle différence de niveau au bout de plusieurs mois.

C’est pour cela que je vous conseille souvent de vous filmer ou de vous enregistrer à intervalles réguliers sur un même exercice ou un même morceau. C’est un excellent moyen de pouvoir vous écouter avec une oreille objective et de constater vos réels progrès.

Est-ce que c’est vraiment un problème ?

Continuons un peu avec les questions aussi impertinentes que pertinentes ! Peut-être qu’effectivement vous ne progressez plus, mais est-ce vraiment grave, docteur ? 

Pour reprendre l’analogie avec le sport, est-ce que c’est si important pour vous de devenir un champion ? Est-ce que pour vous faire plaisir et jouer la musique que vous aimez, vous avez forcément besoin de maîtriser le sweeping, le legato à 230 BPM ou de connaître 19 gammes et 200 variations de l’accord b7#9#11 ? Peut-être que oui, mais peut-être que non. 

Apparemment, cela n’a jamais empêché Bob Dylan ou B.B. King de prendre du plaisir à composer et jouer, et même de construire des carrières artistiques exemplaires.

Donc commencez peut-être par vous demander quels sont les objectifs musicaux que vous souhaitez vraiment atteindre, et pourquoi.

Avez-vous identifié vos objectifs et vos motivations ?

Je suis toujours surpris par l’envie « virtuelle » de progresser de beaucoup de guitaristes, qui n’est pas appuyée par du concret. Par concret, j’entends :

• Une motivation réelle
• Des objectifs précis
• Une méthodologie à appliquer

Le premier point à identifier est : qu’est-ce qui vous motive réellement ? Est-ce que vous êtes fan d’un groupe, d’un guitariste ou d’un genre musical, et vous avez besoin de maîtriser les techniques permettant de reprendre des morceaux que vous adorez ? Voulez-vous vous améliorer suffisamment pour démarcher des groupes et jouer en public ? Est-ce que vous souhaitez prendre du niveau pour être capable de sortir sur votre guitare la musique que vous entendez dans votre tête lorsque vous voulez composer ou improviser ?

Une fois vos motivations identifiées, il est important de vous fixer des objectifs plus précis que simplement « je veux progresser ». Faites une liste par priorité. Si vous voulez apprendre à jouer Blues par exemple, cela pourrait donner :

• Apprendre la grille Blues et les accords 7ème
• Apprendre le rythme shuffle
• Apprendre au moins deux positions de la gamme pentatonique mineure
• Vous entraîner à improviser sur ces positions
• Améliorer la précision des bends et l’expressivité des solos
• Apprendre les accords 9ème et 13ème
• Les rajouter dans les accompagnements Blues
• Apprendre une position de pentatonique majeure
• Etc.

Pour chacun de ces points, vous pouvez ensuite trouver la méthodologie qui vous convient : prendre des cours avec un expert du Blues, souscrire un abonnement de cours de guitare en ligne sur une plateforme qui propose un cursus Blues, jammer avec des bluesmen, etc.

Nous allons d’ailleurs sans plus tarder entrer dans le cœur de notre sujet, qui est lié de près à cette notion de méthodologie : quelles solutions concrètes appliquer pour progresser à la guitare ?

18 solutions pour progresser à la guitare

(Re)prendre des cours avec un prof

Souvent, la solution la plus simple pour progresser en guitare est de vous faire accompagner. Un bon prof saura vous proposer un parcours pédagogique adapté à vos goûts musicaux et à vos contraintes (temps disponible, niveau actuel, domaines qui posent problème – oreille, rythmique, vitesse, etc.). 

Le « rendez-vous » régulier avec votre prof est également un excellent moyen de vous forcer à pratiquer si vous avez tendance à procrastiner. Pour réellement progresser, je vous conseille de privilégier si possible des cours particuliers plutôt que des cours collectifs.

A lire également : Prix des cours de guitare : le guide pour connaître les vrais tarifs

Souscrire un cours de guitare en ligne

Peut-être ne trouvez-vous pas de prof près de chez vous, ou que vous n’avez pas les moyens de vous offrir des cours particuliers, ou encore que vous souhaitez être libre de travailler la guitare quand vous le souhaitez ?

Les applications pour smartphone et les plateformes de cours en ligne sont une excellente solution pour bénéficier d’un parcours pédagogique bien balisé tout en restant totalement libre de pratiquer quand vous le souhaitez.

Pour trouver le site ou l’appli qui matche vos objectifs, votre façon d’apprendre et vos goûts musicaux, allez lire mon comparatif des 5 meilleures applications mobiles pour apprendre la guitare et mon article La meilleure méthode pour apprendre la guitare seul.

Rejoindre un groupe 

Rejoindre un groupe est un des meilleurs conseils que je peux vous donner. Cela vous apporte :

• Une motivation pour pratiquer régulièrement (concerts, enregistrement studio ou tout simplement la répète qui arrive)
• Une source d’émulation : vous devez suivre le niveau des autres membres du groupe
• La possibilité de profiter de l’expérience et des conseils d’autres musiciens
• Du fun !

Et ne faites pas l’erreur de croire que pour jouer en groupe vous devez forcément avoir un niveau incroyable ! Il existe des groupes de musique de tout niveau, alors n’attendez pas : trouvez des musiciens sympas avec qui progresser, et tout le monde en sortira gagnant.

Faire des boeufs dans des bars, café/concerts autour de chez vous

Il existe de nombreux établissements qui proposent régulièrement des soirées boeuf, soirées jams ou autres scènes ouvertes, autrement dit des événements où des musiciens qui ne se connaissent pas peuvent monter sur scène et jouer ensemble devant un public.

C’est une excellente opportunité pour faire de belles rencontres et pour vous mettre un peu de « pression saine » face à une audience, afin de vous motiver à progresser entre ces sessions.

Se créer un plan de travail à la guitare

Découpez votre gros objectif en petits sous-objectifs, plus simples et plus rapides à valider. Vous souhaitez vous améliorer en solo Rock ? Plutôt que d’avoir ce but un peu flou en tête, listez par écrit tous les petits objectifs à atteindre et faites un planning de travail précis. Voici ce que cela pourrait donner :

Semaine 1 et 2 : focus sur la technique

• Précision des bends : 5 min d’exercices
• Hammer et pull-off : idem
• Allers-retours : idem
• Travailler un ou deux solos rocks faciles

Semaines 3 et 4 : mise en pratique

• Plans en bends + hammer/pull off
• Plans en legato
• Bouts de solos plus complexes à travailler lentement

À continuer sur plusieurs semaines et à adapter au fil du temps en fonction des progrès et des difficultés.

Jouer un petit peu tous les jours

SI vous avez du mal à vous tenir à de « vraies » sessions de travail, essayez de gratter dès que vous avez quelques minutes de libres. Par contre, faites-le tous les jours. Cela peut être par exemple lorsque le repas finit de chauffer, pendant que les publicités coupent votre film, quelques minutes avant de partir travailler, etc.

Jouer avec focus et sans distraction

Soyez efficient ! Ne vous laissez pas distraire par la télévision ou YouTube qui tournent en fond, mettez votre smartphone en mode avion, dites à vos enfants ou votre conjoint(e) que vous n’êtes pas disponibles pendant 20 minutes, bref : soyez focus tout au long de votre session de travail. Mieux vaut bosser 10 minutes tous les jours en étant hyper concentrés, que 2 heures une fois par semaine en s’interrompant toutes les 30 secondes.

Écouter des genres et styles musicaux nouveaux 

Ouvrez-vous à de nouvelles sonorités, de nouveaux genres musicaux, de nouveaux artistes. D’une part, cela vous permet de ne pas vous lasser. D’autre part, cela vous fait découvrir de nouvelles gammes, de nouveaux accords, de nouvelles techniques pour stimuler votre intérêt et votre créativité. 

Travailler au métronome

La musique, c’est avant tout le rythme ! Il est indispensable d’apprendre à maîtriser la précision rythmique, en accompagnement comme en solo. Et pour ça, une seule solution : jouer régulièrement au métronome.

Développer son oreille via des exercices de ear training 

Ne tombez pas dans le piège de la guitare, à savoir son côté ultra-visuel. On lit des tablatures, on regarde nos doigts, on se repère sur les cases du manche… Ok, mais attention à ne pas oublier l’essentiel : le rendu sonore, et l’utilisation de votre oreille pour mieux jouer, mieux improviser et mieux composer. Pour travailler votre oreille, faites quelques minutes d’exercices de ear training chaque jour, cela suffit à progresser très rapidement.

Se lancer dans l’apprentissage de morceaux plus difficiles

Pour progresser en guitare, ne vous mettez pas de limites. Osez ! Vous rêvez de jouer un morceau ultra-technique qui est complètement hors d’atteinte avec votre niveau actuel ? Eh bien, allez-y ! Qu’est-ce que vous risquez, à part y arriver un jour ?

Entraînez-vous au ralenti, en coupant chaque partie en très petites sous-parties, et voyez cela comme un exercice, comme une étude, plutôt que comme un morceau à jouer en entier et au bon tempo. Travaillez patiemment, segment par segment. Peut-être que vous n’arriverez jamais à rentrer ce morceau parfaitement, mais cela fera méchamment progresser votre niveau général !

Se lancer dans un nouveau style de musique

Variez les plaisirs : essayez un style de jeu complètement différent. Vous êtes métalleux jusqu’au bout des cheveux ? Initiez-vous au Jazz. Vous ne jouez que des accompagnements Pop-Rock acoustiques ? Tentez le Fingerstyle.

C’est un excellent moyen de découvrir de nouvelles façons de faire sonner votre guitare, de relancer votre motivation et de réinitialiser vos habitudes d’apprentissage. Vous aurez bien le temps ensuite de revenir à vos styles de prédilection.

Respirer et se détendre

L’apnée, ça ne fait pas mieux jouer ! Au contraire, lorsque vous bloquez votre respiration, vous crispez les muscles de vos doigts et de vos mains, et vous oxygénez moins bien votre cerveau. Essayez de respirer normalement et calmement, de détendre vos épaules, de desserrer la mâchoire, de garder la nuque droite… Restez cool, vous jouerez mieux !

S’enregistrer ou se filmer en train de jouer

Comme je l’ai déjà précisé, il est souvent difficile d’être objectif sur notre progression. Le meilleur moyen de mesurer vos progrès et d’identifier les défauts à améliorer, c’est de vous enregistrer. Pas besoin de faire compliqué : posez votre smartphone sur votre bureau, et lancez un enregistrement audio ou vidéo. 

L’idée ici n’est évidemment pas de vous juger, mais de simplement vous observer avec bienveillance et objectivité. Sur le même principe, il est très utile de noter dans un carnet vos progrès et de mettre à jour vos objectifs et les méthodes que vous prévoyez de mettre en place pour les atteindre.

Jouer lentement

Vous jouez trop vite ! Si si, je vous assure. Tout le monde s’entraîne trop vite. 

Personnellement, je considère qu’un bon entraînement est un entraînement avec quasiment aucune faute. Car le corps enregistre ce que vous répétez : si vous jouez 300 fois une même faute, votre main va l’enregistrer. Voilà pourquoi répéter n’est pas suffisant en musique. Ce qu’il faut faire, c’est répéter sans erreur.

Ok, mais comment ne pas faire de faute, puisqu’on est en phase d’apprentissage ? Eh bien, ralentissez autant que nécessaire. J’insiste sur le « autant que nécessaire » ! Passez de 140 BPM à 60-80 BPM si besoin, et montez par paliers très progressifs, de 5 BPM en 5 BPM par exemple. Bien souvent, on n’arrive pas à progresser sur un exercice ou un morceau simplement parce qu’on ne permet pas à nos doigts d’intégrer tranquillement la suite de mouvements à effectuer. Soyez patients !

Ne pas oublier le travail technique

Apprendre des morceaux, c’est bien. C’est nécessaire et c’est fun ! Mais pour rentrer les parties les plus complexes des morceaux que vous reprenez, il est indispensable de maîtriser les techniques de jeu que gère parfaitement le guitariste qui a composé l’œuvre.

Je vous conseille de toujours commencer vos sessions de guitare par quelques minutes de travail purement technique via des exercices effectués doucement et au métronome. Dites-vous que c’est comme acquérir des compétences pour un personnage de jeu vidéo. Sans ces nouvelles « skills », impossible de passer le niveau. Eh bien il en va de même en guitare : sans maîtrise technique, impossible de rentrer parfaitement un morceau.

Cela a en plus le mérite de servir d’échauffement. D’ailleurs, puisqu’on parle d’échauffement…

Bien se préparer pour chaque séance : échauffement, accordage

Prenez le temps de vous ménager un petit sas de mise en condition avant d’entamer votre session de gratte : coupez votre téléphone, installez-vous confortablement, échauffez-vous un peu les doigts et les poignets, accordez votre guitare, faites quelques exercices techniques simples… Tout cela prépare votre corps et votre cerveau à être plus efficaces et à mieux apprendre.

Ce n’est pas pour rien que tous les musiciens pros prennent systématiquement un moment en loge pour s’échauffer et se conditionner avant de monter sur scène !

Se spécialiser / aller à fond dans ce que l’on aime

N’ayez pas peur de vous focaliser sur ce qui vous donne envie de jouer, sur ce qui vous stimule et vous donne du plaisir. C’est le meilleur moyen de progresser et de ne pas se lasser. Votre truc, c’est le Jazz, alors que votre entourage en jure que par le Thrash Metal ? Vous adorez composer des morceaux en accords de base sur acoustique, mais vos amis insistent pour vous faire travailler le shred ?

C’est pour vous que vous jouez, et il n’y a pas de définition universelle de ce qu’est un bon guitariste. Écoutez votre instinct et vos envies, c’est tout ce qui compte. 

Vos questions sur la progression en guitare