Travailler et progresser en vitesse à la guitare : tuto et exercices

Améliorer sa vitesse est un sujet qui passionne la plupart des guitaristes, et cet attrait se comprend : être capable d’envoyer des solos fluides en triple-croches est assez jouissif, et c’est diablement efficace pour impressionner votre auditoire !

Mais cela peut vite devenir une obsession au détriment de la musicalité et des autres axes à travailler pour être un musicien accompli. Avant de vous focaliser uniquement sur la vitesse, il est donc important de vous demander si celle-ci sert vos buts guitaristiques : est-ce juste pour l’esbroufe et le plaisir de l’ego, ou est-ce un aspect technique nécessaire à maîtriser pour performer dans les styles que vous appréciez ?

Si ce dernier cas de figure vous concerne, cet article et les exercices proposés vont vous aider à bien travailler votre vitesse à la guitare.

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La vitesse à la guitare : prérequis et concepts

Jouer détendu pour jouer vite

Voici un concept essentiel, qui peut pourtant sembler paradoxal : pour jouer vite, il faut être détendu. Si vos muscles sont crispés, ils ne pourront pas déployer la fluidité et l’explosivité nécessaires à des enchaînements de gestes précis et rapides. 

Or, tenter de dépasser nos limites de vitesse a justement tendance à générer beaucoup de crispation. Ce qui nous amène au second paradoxe de la vitesse en guitare : pour jouer vite, il faut s’entraîner lentement.

Jouer lentement pour apprendre à jouer vite ensuite

Je sais, ce conseil peut être frustrant. Mais votre cerveau a besoin de temps pour analyser tout ce qui se passe quand vous jouez : les mouvements à effectuer, le son produit, l’intégration de vos notes au contexte musical, etc. 

Travaillez donc vos exercices et vos morceaux lentement dans un premier temps, voire très lentement, et augmentez ensuite la vitesse de façon progressive.

La notion de mémoire musculaire

Avant de pouvoir courir sans vous casser la figure, vous avez appris à marcher !

Eh bien, ce processus vaut aussi pour la guitare : votre corps doit d’abord enregistrer les gestes à effectuer pour pouvoir ensuite les reproduire rapidement de façon automatique. 

C’est ce qu’on appelle la mémoire musculaire, un processus qui se met en place par la répétition acharnée des mêmes mouvements.

Le danger de vouloir jouer trop vite prématurément

Jeu brouillon

Le premier danger à vouloir jouer trop vite, c’est de perdre toute précision dans votre gestuelle. Le rendu devient alors brouillon, avec des approximations rythmiques et des notes qui sonnent mal. Le pire est que bien souvent, il est même difficile d’entendre cette dégradation de votre son, car votre oreille n’est pas habituée à distinguer les subtilités sonores à haute vélocité. 

Cela vous donne la fausse perception que vous jouez vite et bien, alors qu’en réalité vous intégrez dans votre mémoire musculaire des mauvaises habitudes que vous allez galérer à corriger par la suite.

Risque de blessures : tendinites, etc.

Les crispations à répétition générées par des gestes trop rapides peuvent mener à des blessures, notamment la terreur de tout guitariste passionné : la tendinite. Cette inflammation des tendons peut générer des douleurs très fortes au niveau de vos doigts, de vos mains et/ou de vos bras, et devient vite handicapante pour jouer.

Une tension corporelle excessive peut également vous provoquer des douleurs articulaires aux épaules, aux trapèzes, à la nuque et même à la mâchoire. Pensez à surveiller régulièrement que vous n’êtes pas en train de serrer les dents, de tordre votre colonne vertébrale ou de remonter les épaules lorsque vous jouez un passage compliqué ou rapide.

Observez également si vous respirez correctement lorsque vous pratiquez la guitare. Beaucoup de guitaristes se mettent en apnée lorsqu’ils jouent vite, ce qui dégrade l’oxygénation des muscles et peut entraîner des blessures par la suite. 

Ne pas tout dédier à la vitesse dans sa pratique de la guitare

Jouer vite, c’est sympa, mais ça ne signifie pas jouer bien ! Il y a tellement d’aspects à bosser pour devenir un guitariste complet, qu’il serait franchement préjudiciable pour votre développement musical de focaliser uniquement sur la rapidité. Pensez à dédier votre temps d’apprentissage également à :

• La rythmique
• La théorie
• L’improvisation et la composition
• L’expressivité
• L’enrichissement des accords
• Les riffs
• L’apprentissage de différentes gammes
• L’expérimentation des effets
• Etc.

Les meilleures formations pour développer sa vitesse à la guitare

Comment travailler la vitesse à la guitare ?

Dédier des créneaux dans son programme d’entraînement à la pratique de la vitesse

Si votre objectif prioritaire du moment est de progresser en vitesse, consacrez une partie de chacune de vos sessions de guitare à pratiquer des exercices et des morceaux centrés sur cette aptitude. La régularité est une notion clé en musique, et c’est d’autant plus vrai pour l’amélioration de la vitesse, qui dépend énormément de la mémoire musculaire et donc de la répétition.

Bien s’échauffer

Pour être le plus efficace possible au moment de performer et éviter au maximum les risques de blessure, il est indispensable de bien s’échauffer avant de se lancer, exactement comme un athlète. C’est pourquoi les musiciens pros prennent toujours le temps de faire quelques exercices d’échauffement avant d’attaquer un concert ou une répétition, qu’il s’agisse d’étirements ou d’exercices réalisés d’abord lentement puis de plus en plus vite.

Jouer lentement et décomposer l’apprentissage en petites parties

Je me répète volontairement : pour jouer vite, il faut (vraiment !) travailler lentement. Lorsque vous apprenez un exercice ou un phrasé rapide, laissez le temps à votre cerveau et à votre corps de bien l’intégrer avant de l’envoyer à toute blinde.

Décomposez d’abord la section complète en plusieurs sous-parties de quelques notes et jouez-les à tempo très lent. 

Augmenter progressivement le tempo et combiner les parties

Quand chacune de vos sous-parties sonne correctement, vous pouvez commencer à les relier. Débutez par les deux premières, puis ajoutez-les autres une par une. À chaque erreur, reprenez au début.

Faites de même en augmentant le tempo : commencez à accélérer par petits paliers (5 ou 10 BPM, pas plus) chaque sous partie, puis ajoutez la partie suivante au nouveau tempo, et ainsi de suite.

Utiliser le métronome

Si vous avez lu les autres articles pédagos de Back2guitar, vous deviez vous attendre à ce conseil : entraînez-vous un maximum au métronome ! Cet outil bien trop sous-utilisé ne vous apporte que des avantages pour bien progresser en vitesse :

• Un repère objectif pour vérifier le placement rythmique de vos notes.
• Un garde-fou pour être sûr de respecter la vitesse que vous vous imposez lorsque vous vous entraînez.
• Un indice fiable de progression pour constater vos progrès au fil des semaines et rester motivé.

Être vigilant à son niveau de détente musculaire et à sa respiration

Apprendre à ralentir si on se crispe

Servez-vous de vos sensations corporelles comme d’un signal d’alarme : dès que vous sentez un début de crispation musculaire, ralentissez votre vitesse d’exécution. Privilégiez toujours la détente aux BPM, ou vous plafonnerez forcément à un moment ou un autre.

Être à l’écoute de son corps pour éviter les blessures et les tensions

Cela rejoint le point précédent. Si vous sentez un début de douleur articulaire ou musculaire, prenez le temps d’expirer lentement, secouez vos mains, redressez votre dos et votre nuque.

Et si vous n’arrivez pas à vous détendre complètement, c’est sans doute le moment de faire une pause ou d’arrêter de gratter : allez marcher un peu ou étirez-vous pendant quelques minutes, ou lâchez simplement votre guitare pour aujourd’hui.

16 exercices pour développer sa vitesse à la guitare

Voici 16 exercices pour vous aider à développer votre vitesse à la guitare. Ils sont tous à travailler au métronome, d’abord lentement puis en augmentant la vitesse de façon très progressive.

Exercices d’échauffement

Rien de tel que quelques exercices de déliateurs pour s’échauffer en douceur :

Exercices 1, 2, 3 et 4

Exercices de synchronisation main gauche / main droite

Les déliateurs sont déjà des exercices de synchronisation si vous les jouez en aller-retour, mais compliquons la synchronisation main droite/main gauche en ajoutant quelques difficultés techniques.

Des hammers et des pull-offs :

Exercice 5

Des silences (continuez votre mouvement de main droite en aller-retour même pendant les quarts de soupir) :

Exercice 6

Du tapping, de slides et des pull-offs en plus des allers-retours :

Exercice 7

Des accords mixés avec leurs arpèges, sans temps de repos :

Exercice 8

Exercices de dextérité 

Travaillons maintenant plus précisément la dextérité de main gauche avec quelques exercices supplémentaires.

En sauts de cordes :

Exercice 9

En démanchés sur des positions d’arpèges :

Exercice 10

En écarts variés et plus importants, en utilisant les positions de la gamme majeure (ici en Sol) :

Exercice 11

Exercices d’endurance

Pas besoin d’exercices spécifiques pour l’endurance, il vous suffit de faire tourner le plus longtemps possible sans pause un ou plusieurs des exercices précédents. Chronométrez-vous et tentez de tenir un peu plus à chaque session.

Pour bosser l’endurance de votre poignet, vous pouvez gratter toutes les notes uniquement avec des coups de médiator vers le bas. Vous pouvez également les jouer en palm mute pour compliquer encore un peu votre travail de main droite.

Exercices par techniques

Aller-retour

Tous les exercices que je viens de vous montrer sont en aller-retour.

Vous pouvez également rajouter les brisages de gammes, très efficaces pour bosser les allers-retours dans un contexte plus musical que les déliateurs. J’utilise ici la position 1 de la gamme majeure de Sol, mais pensez à varier régulièrement les positions, les gammes et les tonalités.

Brisage de gamme en groupe de 4 :

Exercice 12

Brisage de gamme en groupe de 5 :

Exercice 13

Pour plus d’exercices sur cette technique, consultez mon guide complet sur l’aller-retour à la guitare.

Legato

Pour travailler la vitesse spécifiquement en legato, jouez simplement en hammer/pull-off les suites de notes placées sur une même corde, dans n’importe lequel des exercices que je vous ai montrés dans cet article. Autrement dit, grattez uniquement les changements de corde avec votre médiator, et frappez ou tirez avec les doigts de votre main gauche toutes les autres notes.

N’hésitez pas à aller découvrir tous mes autres exercices de legato dans le guide dédié.

Tremolo picking

Finissons avec quelques exercices pour aller vraiment très vite, avec le tremolo picking. Là encore, variez les positions et les gammes. Pour l’exemple, nous sommes toujours en gamme majeure de Sol.

En double-croches :

Exercice 14

En sextolets avec sauts de cordes :

Exercice 15

En démanché avec des cordes à vide :

Exercice 16

A lire aussi : Le guide complet sur le sweeping à la guitare

Derniers conseils pour améliorer sa vitesse

Se filmer/s’enregistrer et s’analyser

Grisés par la vitesse, on peut parfois avoir l’impression de jouer proprement alors que notre technique ou notre placement rythmique sont plus qu’approximatifs. 

Filmez-vous ou enregistrez-vous avec un looper ou votre smartphone, et observez-vous avec une oreille objective. L’idée bien entendu n’est pas de vous juger, simplement de détecter des points potentiels d’amélioration pour jouer vite et bien.

Ne pas hésiter à s’étirer avant et après une séance de travail

Vous étirer avant votre session vous aidera à détendre vos muscles, vos tendons et votre esprit pour limiter les crispations et les douleurs. Faites également quelques étirements en fin de session pour optimiser votre récupération et vous préparer au mieux à la séance du lendemain.

Ne pas dédier l’ensemble de sa séance d’entraînement à la vitesse

Bourriner sans relâche sur la vitesse est le meilleur moyen de vous écœurer et de sur-solliciter vos muscles et vos tendons. N’oubliez pas de vous faire plaisir en jouant sans pression !

Essayer à l’inverse de travailler vite pour “choquer” son corps

Travailler proprement, vous l’aurez compris, est ultra important pour développer un jeu rapide en restant musical. Mais si vous atteignez un plafond, il peut être intéressant d’accepter de jouer moins clean et de tout focaliser sur la vitesse pour forcer l’adaptation musculaire à ce nouveau stimulus « extrême ».

Attention : ça ne doit pas servir d’excuse pour faire n’importe quoi ! Restez un minimum propre et ne prolongez pas cette phase trop longtemps.

Être patient 

Comme tout ce qui concerne la pratique musicale, il faut être patient et persévérant. Votre corps et votre cerveau ont besoin de temps pour assimiler efficacement de nouvelles données et de nouvelles pratiques. Exercez-vous encore et encore, et ça viendra !

Petit conseil bonus : évitez de vous comparer aux autres. Chacun apprend et progresse à son rythme, alors ne vous découragez pas si votre pote gratteux va deux fois plus vite que vous en pratiquant trois fois moins. Restez centrés sur vous et sur vos progrès.

Vos questions sur la vitesse

Conclusion

Je préfère le répéter une fois encore : travailler la vitesse à la guitare n’est pas un but musical en soi, comme le prouvent les deux vidéos que je viens de vous partager.

Néanmoins, certains styles (Shredding, Métal, Flamenco, ou certains types de Blues, Rock ou Jazz) imposent de savoir jouer vite, et la théorie pour y arriver est finalement assez simple : travaillez lentement, détendu, régulièrement et patiemment.

J’espère que les exercices et les conseils de cet article vous aideront à battre vos records et à jouer les morceaux qui vous plaisent. Et vous, quel est le guitariste parmi les plus rapides que vous rêvez d’imiter ?